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L'institut

L'Institut écocitoyen est une association dont les missions principales sont l'acquisition de connaissances scientifiques autour des questions sanitaires et environnementales, la transmission de ces savoirs et l’organisation d’actions de surveillance et de protection de l’environnement. Pour la première fois, citoyens, élus, industriels et scientifiques collaborent à un projet commun à l'échelle d'un territoire.

   


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AZURSOL : Caractérisation et diagnostic de la pollution d’un sol d’une ancienne friche industrielle située en périphérie urbaine

Les friches industrielles localisées en zone urbaine ou périurbaine sont responsables de nombreux risques et contraintes environnementales et sanitaires. Ces sites impactent notamment la qualité des milieux terrestres et aquatiques avec un risque de transfert de la pollution du sol vers les milieux aquatiques (eaux souterraines et de surface). Ils constituent un risque sanitaire pour les populations vivant à proximité qui se reflètent sur la valorisation des ressources foncières.

Situé sur la commune de Port-de-Bouc, l’ancien site d’Azur Chimie fait l’objet d’une large étude de diagnostic et d’impact sur le milieu pour déterminer les risques environnementaux et sanitaires et évaluer les besoins en dépollution et en requalification.

Points Clés

  • - Dans le cadre de la gestion des sites et sols pollués à l’échelle de la Métropole Aix-Marseille-Provence, le diagnostic et la reconversion des friches industrielles est un enjeu fort dans les stratégies urbaines d’aménagement.
  • - L’objectif est de développer des méthodes de caractérisation de la pollution du sol pour leur mise en application dans des études de diagnostic ou d’impacts des sites et sols pollués.
  • - Le diagnostic de la friche industrielle d’Azur Chimie a mis en évidence un niveau de pollution élevé pour plusieurs métaux (cadmium, cuivre, mercure, plomb et zinc) et extrême pour les polluants organiques (PCB, HAP, PCDD-F, dérivés bromés). Les gaz du sol sont présents en fortes concentrations (benzène, toluène, chloroforme, trichlorofluorométhane - fréon CFC-11).

Notions importantes

Fraction lixiviable d’un polluant : il s’agit de la fraction de polluants solubles, présents dans la solution du sol et donc facilement transférables dans le profil de sol ou vers le vivant.

Indice de pollution intégré (IPI) : il permet d’évaluer le niveau de contamination des sols en métaux. Il correspond à la somme des rapports entre la concentration en métaux en surface et le fond pédogéochimique naturel FPGN pour l’ensemble des métaux étudiés.

Quotient de danger (QD) : il s’agit d’un indicateur de risque qualitatif. Il correspond au rapport entre le niveau d’exposition d’une personne et la valeur toxicologique de référence pour un polluant donné. Lorsque sa valeur est supérieure à 0.2, une réflexion approfondie est nécessaire avec l’évaluation quantitative des risques sanitaires et dans certains cas la mise en place d’un plan de gestion.

Focus technique

21 points d’échantillonnage répartis sur l’ensemble du site ont été définis et des prélèvements à deux profondeurs (surface : 0-15 cm et profond : 15-30 cm) ont été réalisés afin d’évaluer la contamination de surface et son transfert vertical (Figure 1). Trois fosses pédologiques, au nord, au centre et au sud du site ont permis d’identifier quatre horizons de sols et de caractériser la contamination jusqu’à 1 mètre de profondeur.
De nombreux paramètres et contaminants ont été analysés :

  • - Teneurs pseudototales, biodisponibles (DTPA) et lixiviables en métaux et métalloïdes sur l’ensemble des échantillons de sol recueillis.
  • - Paramètres physico-chimiques (pH, COT, Azote total, granulométrie, C/N, salinité) sur les échantillons de surface et les échantillons des fosses pédologiques (33).
  • - Teneurs totales et lixiviables en HAP, PCB, dioxines-furanes sur 12 échantillons de surface et les échantillons des fosses pédologiques.
  • - Gaz du sol et dérivés bromés (PBDE) sur 12 échantillons de surface.
Ces analyses sont complétées par l’étude des voies de transfert (envol de poussières, ruissellement, lessivage, végétation), et des milieux récepteurs (milieu marin, eaux superficielles et souterraines). La respiration des sols, qui traduit leur bon fonctionnement biologique a été mesurée à chaque point de prélèvement.

Résultats

Profils de sols

Description du sol

Le profil de sol est relativement homogène sur le site, de couleur brun foncé sur les premiers horizons, de texture limono-argilo-sableuse ou limono-sableuse, et de structure grumeleuse à subanguleuse. Les carbonates sont présents en quantité sur l’ensemble du profil excepté dans l’horizon de surface. Les déchets observés dans l’ensemble du profil de sol sont cohérents avec l’utilisation passée du site comme décharge, puis avec le comblement de l’ancienne lagune. Les débris de briques et autres matériaux de construction rencontrés dans le profil de sol mettent en évidence l’apport de remblais postérieurement à l’utilisation du site comme déchetterie municipale. Ce profil de sol correspond à un anthroposol artificiel.

Une pollution historique : des teneurs élevées pour plusieurs polluants

L’étude a mis en évidence un niveau de pollution élevé pour plusieurs métaux (cadmium, cuivre, mercure, plomb et zinc) et extrême pour les polluants organiques (PCB, HAP, PCDD-F, dérivés bromés). Les Gaz du sol sont présents à fortes concentrations (benzène, toluène, chloroforme, CFC-11).
La pollution du sol est très hétérogène et son évolution en profondeur dépend des polluants considérés et de leur origine. Une contamination importante a été enregistrée sur près d’un mètre pour certains polluants (HAP, PCDD-F, PCB)
Ainsi, les activités passées (décharge, industries) ont généré une pollution historique du site par : dérivés bromés, PCDD-F, mercure, cadmium, HAPs, PCB. On note également une pollution diffuse par dépôt atmosphérique pour HAPs, aluminium, fer, plomb, vanadium, chrome, manganèse, cuivre (pétrochimie, recyclage métaux)

En lien

L’étude des sols et la détection des sites et sols pollués est une des principales expertises développées par l’IECP, et un outil primordial pour le territoire métropolitain. Pour déterminer précisément les apports anthropiques de contaminants à la surface des sols et leurs origines, la première étape a été la caractérisation du bruit de fond pédogéochimique.


Voies de transfert et milieux récepteurs

La fraction lixiviable est modérée pour de nombreux polluants, et particulièrement élevée pour l’arsenic, le cuivre, l’antimoine, les HAPs et les dioxines-furanes. Les résultats montrent qu’il existe un faible transfert vers la végétation, composée de nombreuses espèces végétales métallophytes. En revanche, un transfert vers le milieu aquatique pour le fer, le molybdène, le cuivre, l’arsenic et les dioxines-furanes a été identifié.

Risque sanitaire

Le risque sanitaire est traduit à travers la mesure de la fraction bioaccessible, le calcul de la dose journalière d’exposition et le quotient de danger (QD). Certains des polluants métalliques les plus concentrés dans le sols sont fortement bioaccessibles (plus 50 % de la fraction totale) indiquant une assimilation importante par l’organisme en cas d’ingestion par l’homme de sols contaminés. C’est notamment le cas du plomb, du cuivre, du zinc et du cadmium. Le quotient de danger (QD) cumulé est compris entre 1 et 7 sur l’ensemble du site. L’ensemble des quotients de danger calculés pour chaque contaminant met en avant un risque sanitaire élevé concernant les polluants organochlorés (QD supérieur à 5 pour PCB et PCDD-F) et modéré concernant le plomb (QDmoy=0,22 QDmax=1,86). Ce résultat indique la nécessité d’un plan de gestion pour permettre la requalification du milieu.


Publications

- 2017 : Caractérisation et diagnostic de la pollution du sol d’une ancienne friche industrielle située en périphérie urbaine

- 2019 : Caractérisation géochimique et écotoxicologique d'une friche industrielle multi-contaminée

- 2019 : Réponses écotoxicologiques d’un cocktail de polluants