ECOLEX
Perceptions des pollutions des riverains de la zone industrialo-portuaire de Fos-sur-mer

Étude sociologique complémentaire de l’étude de bioimprégnation INDEX

Contexte et objectifs

L’objectif principal de l’étude, focalisée sur la perception des pollutions, est de déterminer si la proximité de la Zone Industrialo-Portuaire (ZIP) de Fos a des conséquences sur la vie quotidienne des riverains, en tentant de répondre à plusieurs interrogations :

• - Les habitants considèrent-ils tous la pollution comme un risque, et si oui, en quels termes ?
• - Les préoccupations qui en découlent ont-elles des effets, notamment négatifs, sur leurs pratiques domestiques et leurs usages du territoire ?
• - Des contraintes supplémentaires pèsent-elles sur eux et ont-ils l’impression d’y perdre ?
• - Enfin, existe-il une relation entre inquiétude, perception, connaissance des risques et confiance accordée aux autorités ? Comment les riverains appréhendent-ils l’avenir dans leur ville ? Et quels liens nourrissent-ils malgré tout avec leur territoire ?

Au-delà de la comparaison entre zones, un des objectifs est aussi de mettre en évidence les déterminants sociaux de la perception des pollutions (sexe, âge, niveau socio-économique notamment) et de réfléchir aux possibilités de résilience.

Aperçu des résultats

Un premier résultat montre que les habitants de Fos-sur-Mer ont conscience qu’ils vivent dans une zone polluée et ont, pour la plupart, déclaré être inquiets pour leur environnement et leur santé, avec une connaissance relative des risques encourus. On peut supposer que cette perception soit même une source d’anxiété susceptible d’avoir des répercussions sur leur santé, au sens que lui donne l’OMS (bien-être général de la personne), en supplément de l’influence des expositions résidentielles et professionnelles. Celles-ci seraient dues aux nuisances, principalement les poussières et odeurs (dans une moindre mesure le bruit), déclarées par la presque totalité des répondants de la ZIP. Nous avons vu qu’elles impactent différemment les riverains selon leur situation géographique (entre autres), notamment dans la zone exposée.

Les personnes sont contraintes de se livrer à leurs propres évaluations des risques, bricolant des savoirs sur la base des informations éparses dont elles disposent (qui circulent malgré tout) et de leurs expériences. A Fos-sur-Mer notamment, où les pratiques de pêche et de jardinage sont courantes, les habitants s’adaptent. Certains tentent de limiter leur exposition en modulant leurs pratiques intérieures et/ou extérieures. Il y en a qui décident de modifier la fréquence des ménages, de manger moins de poissons ou de légumes du jardin, sans connaître l’efficacité réelle de ces mesures. D’autres multiplient les séjours d’agrément dans des zones non polluées où ils peuvent s’adonner à leurs loisirs de pêche et de chasse sans trop de contraintes. D’autres enfin, les sportifs, adaptent leurs pratiques aux conditions météorologiques et aux niveaux de pollution. Ces changements ont des coûts économiques et sociaux mal évalués et jamais ou mal pris en compte ou compensés. L’étude ECOLEX permet de les identifier, au moins en partie.
Les acteurs envers qui la population avait le plus confiance pour réduire les nuisances et les risques engendrés par la ZIP étaient les associations et élus locaux (>70% des personnes interrogées) et les associations nationales (50%). Les personnes interrogées avaient en revanche moins d’attente de la part des services et l’état (< 35%), industriels (25%), gouvernement (24%) ou élus nationaux (10%).

Conclusion et perspectives

Nous suggérons le développement d’une nouvelle méthode de comptabilisation des impacts négatifs des pollutions, notamment celles qui émanent des grandes zones industrielles, pour prendre en compte le mal-être et toutes les contraintes supplémentaires qui pèsent sur les riverains des zones industrielles.
Il apparaît nécessaire de développer une gestion des risques qui opère au plus près des habitudes et pratiques réelles des habitants pour réduire efficacement leur exposition. Les fosséens sont très attachés à leur territoire, dont le cadre écologique (hors industries) et les aménités sont de bonne qualité. Peu d’habitants comptent en partir, même s’ils y ont pensé. Par contre, dans cette ville si particulière (qui peut être extrapolable à d’autres villes de la ZIP), il apparaît primordial d’intensifier le débat sur les précautions à prendre (collectives et individuelles), dans un contexte d’urgence écologique, climatique et de santé publique qui n’épargne pas, bien au contraire, une des plus importantes ZIP d’Europe.

Publications

- 2023 : Perception des pollutions des riverains de la zone industrialo-portuaire de Fos-sur-Mer