étude Air Santé
Apports de l’Intelligence Artificielle aux questions de santé environnementale

Contexte et objectifs

Le Centre intercommunal d’action sociale du Pays de Martigues contribue à développer la connaissance sur les déterminants environnementaux et sociaux qui impactent sur la santé des habitants et sur les leviers d’action qui permettront de réduire les risques et de prendre en charge les pathologies liées à la pollution atmosphérique. Il a en effet confié une étude sur le croisement des informations disponibles sur les zones à risques potentiels et le recensement de pathologies avérées et géolocalisées à Sandra PEREZ, Maître de Conférences en géographie de la santé (Unité mixte de recherche 7300 ESPACE CNRS, Université Cote d’azur).
Cette étude s’inscrit dans le Plan d’action du Contrat local de santé du Pays de Martigues, signé conjointement en février 2015 par le Pays de Martigues, l’État, l’Agence régionale de santé et le Centre hospitalier de Martigues qui vise, notamment, à mieux connaître pour mieux agir.

Cadre méthodologique

Cette étude rétrospective (2015) a été menée partenariat avec Atmosud, l’Institut écocitoyen et grâce à la contribution des hôpitaux environnants (Centre hospitalier et Clinique de Martigues, AP-HM, Institut Paoli-Calmettes). Ces collaborations ont donc permis de croiser des données de pollution de l’air (réglementaires et de type industriel), des milieux (par la biosurveillance et bioindication lichénique), des caractéristiques socio-économiques, et d’hospitalisations pour certaines pathologies ciblées en liens potentiels avec l’environnement (maladies de l’appareil circulatoire, respiratoire, diabètes, cancer des bronches et du poumon, de la vessie et du rein). Toutes ces variables ont été géolocalisées à une échelle fine infracommunale (IRIS) sur le territoire du pays de Martigues (cf carte 1 et 2).

Elle s’appuie sur une méthode statistique (la modélisation bayésienne) particulièrement bien adaptée au risque sanitaire, car les relations entre les variables ne sont pas toujours de type déterministe, mais aussi de de type indirect. Cette méthode permet d’établir des relations de dépendance ou d’indépendance entre différentes variables, d’analyser leurs interrelations, leurs combinaisons, en les quantifiant à l’aide de probabilités, et de mettre en évidence des relations masquées. Un total de 178 variables ont été utilisées dans les modèles statistiques (carte du réseau bayesien).

Principaux résultats

Des liens significatifs ont été observés entre l’exposition l’acide fluorhydrique et l’hospitalisation pour cancers des bronches et poumons chez les personnes de 15 à 16 ans, à des concentrations faibles (<0.003 μg.m−3). Ces cancers étaient également mis en lien avec l’exposition au SO2 à des concentrations faibles (6 μg.m−3) chez les personnes de plus de 65 ans. De plus, le Cadmium (0.210–0.250 μg m−3) était significativement associé aux diabètes (Type I et II) chez les personnes âgées de plus de 65 ans. Enfin, le benzo[k]fluoranthène était associé aux hospitalisations pour pathologies respiratoires chez les 15-65 ans.

L’étude a également révélé une influence de l’environnement socio-économique (ex : familles monoparentales, personnes sans qualification à 15 ans) sur la survenue d’hospitalisations, telles que les pathologies cardiovasculaires par exemple.

Enfin, des profils sanitaires différenciés ont été mis évidence spatialement en fonction des IRIS qui composent le territoire de Martigues. Ces éléments pourraient permettent le déploiement d’une offre de soin adaptée aux populations et ce, dans une optique de prévention et promotion de la santé.

Publications

- 2022 : Using Bayesian networks for environmental health risk assessment